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YVETTE.

Elle répondit :

— Jet’écoute, mon enfant, qu’y a-t-il ?

Yvette la pénétrait du regard comme pour lire au fond de son âme, comme pour saisir toutes les sensations qu’allaient éveiller ses paroles.

— Voilà. Il s’est passé tantôt quelque chose d’extraordinaire.

— Quoi donc ?

— M. de Servigny m’a dit qu’il m’aimait.

La marquise, inquiète, attendait. Comme Yvette ne parlait plus, elle demanda :

— Comment t’a-t-il dit cela ? Explique-toi !

Alors la jeune fille, s’asseyant aux pieds de sa mère dans une pose câline qui lui était familière, et pressant ses mains, ajouta :

— Il m’a demandée en mariage.

Mme  Obardi fit un geste brusque de stupéfaction, et s’écria :

— Servigny ? mais tu es folle !

Yvette n’avait point détourné les yeux du visage de sa mère, épiant sa pensée et sa surprise. Elle demanda d’une voix grave :

— Pourquoi suis-je folle ? Pourquoi M. de Servigny ne m’épouserait-il pas ?

La marquise, embarrassée, balbutia :