Page:Maupassant - Yvette.djvu/103

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rience, et surtout les hommes de cette race-là. Aussi, dès les premiers mots prononcés par Yvette, s’était-elle écriée presque malgré elle :

— Servigny, t’épouser ? Mais tu es folle !

Comment avait-il employé ce vieux moyen, lui, ce malin, ce roué, cet homme à fêtes et à femmes. Qu’allait-il faire à présent ? Et elle, la petite, comment la prévenir plus clairement, la défendre même ? car elle pouvait se laisser aller à de grosses bêtises.

Aurait-on jamais cru que cette grande fille était demeurée aussi naïve, aussi peu instruite et peu rusée ?

Et la marquise, fort perplexe et fatiguée déjà de réfléchir, cherchait ce qu’il fallait faire, sans trouver rien, car la situation lui semblait vraiment embarrassante.

Et, lasse de ces tracas, elle pensa :

— Bah ! je les surveillerai de près, j’agirai suivant les circonstances. S’il le faut même je parlerai à Servigny, qui est fin et qui me comprendra à demi-mot.

Elle ne se demanda pas ce qu’elle lui dirait, ni ce qu’il répondrait, ni quel genre de convention pourrait s’établir entre eux, mais heureuse d’être soulagée de ce souci sans avoir eu à prendre de