Page:Maupassant - Yvette.djvu/159

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courage défaillir. Dès que le café fut pris, elle remonta chez elle.

Elle entendait sous sa fenêtre les voix joyeuses. Le chevalier faisait des plaisanteries lestes, des jeux de mots d’étranger, grossiers et maladroits.

Elle écoutait, désespérée. Servigny, un peu gris, imitait l’ouvrier pochard, appelait la marquise la patronne. Et, tout d’un coup, il dit à Saval :

— Hé ! patron !

Ce fut un rire général.

Alors, Yvette se décida. Elle prit d’abord une feuille de son papier à lettres et écrivit :

« Bougival, ce dimanche, neuf heures du soir.

« Je meurs pour ne point devenir une fille entretenue.

« Yvette »

Puis en post-scriptum :

« Adieu, chère maman, pardon. »


Elle cacheta l’enveloppe, adressée à Mme la marquise Obardi.

Puis elle roula sa chaise longue auprès de la