Page:Maupassant - Yvette.djvu/180

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honte, par humiliation, par crainte des questions.

La marquise était tombée à genoux, maintenant, et elle pleurait, la tête sur le pied du lit. Tout à coup elle prononça : « Un médecin, il faut un médecin. »

Mais Servigny, qui venait de parler bas avec Saval, lui dit : « Non, c’est fini. Tenez, allez vous-en une minute, rien qu’une minute, et je vous promets qu’elle vous embrassera quand vous reviendrez. » Et le baron, soulevant Mme Obardi par le bras, l’entraîna.

Alors, Servigny, s’asseyant auprès de la couche, prit la main d’Yvette et prononça : « Mam’zelle, écoutez-moi… »

Elle ne répondit pas. Elle se sentait si bien, si doucement, si chaudement couchée, qu’elle aurait voulu ne plus jamais remuer, ne plus jamais parler, et vivre comme ça toujours. Un bien-être infini l’avait envahie, un bien-être tel qu’elle n’en avait jamais senti de pareil.

L’air tiède de la nuit entrant par souffles légers, par souffles de velours, lui passait de temps en temps sur la face d’une façon exquise, imperceptible. C’était une caresse, quelque chose comme un baiser du vent, comme l’haleine lente et rafraî-