Page:Maupassant - Yvette.djvu/287

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plus ni père ni mère, ce gars, il n’a plus que moi de son sang ; je l’ai gardé, je ne pouvais point le chasser, n’est-ce pas ?

Mais je lui ai dit que s’il recommence, c’est fini, fini, plus de pitié. Voilà. Est-ce que j’ai bien fait, monsieur ?

Je répondis en lui tendant la main :

— Vous avez bien fait, Cavalier ; vous êtes un brave homme.

Il se leva.

— Merci bien, monsieur. Maintenant je vais le quérir. Il faut la correction, pour exemple.

Je savais qu’il était inutile d’essayer de dissuader le vieux d’un projet. Je le laissai donc agir à sa guise.

Il alla chercher le galopin et le ramena en le tenant par l’oreille.

J’étais assis sur une chaise de paille, avec le visage grave d’un juge.

Marius me parut grandi, encore plus laid que l’autre année, avec son air mauvais, sournois.

Et ses grandes mains semblaient monstrueuses.

Son oncle le poussa devant moi, et, de sa voix militaire :

— Demande pardon au propriétaire.

Le gars ne dit point un mot.