Page:Maupassant - Yvette.djvu/68

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Il ne dormirait pas, décidément. Il avait chaud, il suait, il sentait son cœur rapide battre à ses tempes, et il se leva pour ouvrir la fenêtre.

Un souffle frais entra, qu’il but d’une longue aspiration. L’ombre épaisse était muette, toute noire, immobile. Mais soudain, il aperçut devant lui, dans les ténèbres du jardin, un point luisant ; on eût dit un petit charbon rouge. Il pensa : — Tiens, un cigare. — Ça ne peut être que Saval, et il l’appela doucement :

— Léon !

Une voix répondit :

— C’est toi, Jean ?

— Oui. Attends-moi, je descends.

Il s’habilla, sortit, et, rejoignant son ami qui fumait, à cheval sur une chaise de fer :

— Qu’est-ce que tu fais là, à cette heure ?

Saval répondit :

— Moi, je me repose !

Et il se mit à rire.

Servigny lui serra la main :

— Tous mes compliments, mon cher. Et moi je… je m’embête.

— Ça veut dire que…

— Ça veut dire que… Yvette et sa mère ne se ressemblent pas.