Page:Maupassant - Zut !, paru dans Le Gaulois, 5 juillet 1881.djvu/12

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les autres ne le retenaient pas, il s’en alla. Je regardai l’insulté se remettre à sa besogne et je pensai : « — Comme cet homme est sage, et digne en même temps, maître de lui et supérieur ! Quand donc les peuples dont l’honneur collectif me paraît chose bien problématique, auront-ils cette raison et ce calme ? »



Eh bien, la France vient d’avoir ce calme et cette raison ! Ce que ressent notre peuple en ce moment, c’est plus que de l’indifférence pour des braillards, c’est le mépris de la guerre elle-même. Les grands souffles héroïques sont finis : nous sommes devenus, heureusement, des hommes de raisonnement et non plus des hommes d’emportement. Les airs de bravoure ne portent plus, les périodes magnanimes restent sans effet. Quand on nous crie : « Je vais t’enlever le nez », nous répondons tranquillement : « Viens-y donc ! » Qu’on y vienne.