peu soupé, très peu. La femme de chambre les réveilla, le lendemain, lorsque huit heures venaient de sonner.
Quand ils eurent bu la tasse de thé posée sur la table de nuit, Duroy regarda sa femme, puis brusquement, avec l’élan joyeux d’un homme heureux qui vient de trouver un trésor, il la saisit dans ses bras, en balbutiant : — Ma petite Made, je sens que je t’aime beaucoup… beaucoup… beaucoup…
Elle souriait de son sourire confiant et satisfait et elle murmura, en lui rendant ses baisers : — Et moi aussi… peut-être.
Mais il demeurait inquiet de cette visite à ses parents. Il avait déjà souvent prévenu sa femme ; il l’avait préparée, sermonnée. Il crut bon de recommencer.
— Tu sais, ce sont des paysans, des paysans de campagne, et non pas d’opéra-comique.
— Elle riait : — Mais je le sais, tu me l’as assez dit. Voyons, lève-toi et laisse-moi me lever aussi.
Il sauta du lit, et mettant ses chaussettes :
— Nous serons très mal à la maison, très mal. Il n’y a qu’un vieux lit à paillasse dans ma chambre. On ne connaît pas les sommiers, à Canteleu.
Elle semblait enchantée : — Tant mieux. Ce sera charmant de mal dormir… auprès de… auprès de toi… et d’être réveillée par le chant des coqs.
Elle avait passé son peignoir, un grand peignoir de flanelle blanche, que Duroy reconnut aussitôt. Cette vue lui fut désagréable. Pourquoi ? Sa femme possédait, il le savait bien, une douzaine entière de ces vêtements de matinée. Elle ne pouvait pourtant point détruire son trousseau pour en acheter un neuf ? N’importe, il eût voulu que son linge de chambre, son linge de nuit, son linge d’amour ne fût plus le même qu’avec l’autre. Il lui