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Page:Maupassant Bel-ami.djvu/291

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— Alors… alors… tu ne m’en as pas trop voulu ?

— Oui et non… Ça m’a fait de la peine, et puis j’ai compris ta raison, et je me suis dit : « Bah ! il me reviendra un jour ou l’autre. »

— Je n’osais pas revenir ; je me demandais comment je serais reçu. Je n’osais pas, mais j’en avais rudement envie. À propos, dis-moi donc ce qu’a Laurine. Elle m’a à peine dit bonjour et elle est partie d’un air furieux.

— Je ne sais pas. Mais on ne peut plus lui parler de toi depuis ton mariage. Je crois vraiment qu’elle est jalouse.

— Allons donc !

— Mais oui, mon cher. Elle ne t’appelle plus Bel-Ami, elle te nomme M. Forestier.

Du Roy rougit, puis, s’approchant de la jeune femme :

— Donne ta bouche.

Elle la donna. — Où pourrons-nous nous revoir ? dit-il.

— Mais… rue de Constantinople.

— Ah !… L’appartement n’est donc pas loué ?

— Non… je l’ai gardé !

— Tu l’as gardé ?

— Oui, j’ai pensé que tu y reviendrais.

Une bouffée de joie orgueilleuse lui gonfla la poitrine. Elle l’aimait donc, celle-là, d’un amour vrai, constant, profond.

Il murmura : — Je t’adore. — Puis il demanda : — Ton mari va bien ?

— Oui, très bien. Il vient de passer un mois ici ; il est parti d’avant-hier.

Du Roy ne put s’empêcher de rire : — Comme ça tombe !

Elle répondit naïvement : — Oh ! oui, ça tombe bien. Mais il n’est pas gênant quand il est ici, tout de même. Tu le sais ?