Page:Maupassant Bel-ami.djvu/358

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Ah ! Le voyait-il souvent, ce neveu ?

— Jamais. Ils ne s’étaient point rencontrés depuis dix ans.

— Avait-il d’autres parents ?

— Non… Je ne crois pas.

— Alors… c’est ce neveu qui doit hériter ?

— Je ne sais pas.

— Il était très riche, Vaudrec ?

— Oui, très riche.

— Sais-tu ce qu’il avait à peu près ?

— Non, pas au juste. Un ou deux millions, peut-être ?

Il ne dit plus rien. Elle souffla la bougie. Et ils demeurèrent étendus côte à côte dans la nuit, silencieux, éveillés et songeant.

Il n’avait plus envie de dormir. Il trouvait maigres maintenant les soixante-dix mille francs promis par Mme  Walter. Soudain il crut que Madeleine pleurait. Il demanda pour s’en assurer :

— Dors-tu ?

— Non.

Elle avait la voix mouillée et tremblante. Il reprit :

— J’ai oublié de te dire tantôt que ton ministre nous a fichus dedans.

— Comment ça ?

Et il lui conta, tout au long, avec tous les détails, la combinaison préparée entre Laroche et Walter.

Quand il eut fini, elle demanda :

— Comment sais-tu ça ?

Il répondit :

— Tu me permettras de ne point te le dire. Tu as tes procédés d’information que je ne pénètre point. J’ai les miens que je désire garder. Je réponds en tout cas de l’exactitude de mes renseignements.

Alors elle murmura :