Page:Maupertuis - Œuvres, Dresde, 1752.djvu/248

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matrice prouve mieux qu’elle y entre, que la multitude des cas où l’on n’y en a point trouvé ne prouve qu’elle n’y entre pas.

Ceux qui prétendent que la semence n’entre pas dans la matrice, croient que versée dans le vagin, ou seulement répadue sur ses bords, elle s’insinue dans les vaisseaux, dont les petites bouches la reçoivent et la répandent dans les veines de la femelle. Elle est bientôt mêlée dans toute la masse du sang ; elle y excite tous les ravages qui tourmentent les femmes nouvellement enceintes : mais enfin la circulation du sang la porte jusqu’à l’ovaire, et l’œuf n’est rendu fécond qu’après que tout le sang de la femelle à été, pour ainsi dire, fécondé.

De quelque maniere que l’œuf soit fécondé ; soit que la semence du mâle, portée immédiatement jusqu’à lui, le pénetre ; soit que, délayée dans la masse du sang, elle n’y parvienne que par les routes de la circulation : cette semence, ou cet esprit séminal mettant en mouvement les parties du petit fœtus qui sont déjà toutes formées dans l’œuf, les dispose à se développer. L’œuf jusques-là fixement attaché à l’ovaire, s’en détache ; il tombe dans la cavité de la trompe, dont l’extrémité, appellée le pavillon, embrasse alors l’ovaire pour le recevoir. L’œuf parcourt, soit par sa seule pesanteur, soit plus vraisemblablement par quelque mouvement peristaltique de la trompe, toute la longueur du canal qui le conduit enfin dans la matrice. Semblable aux graines des plantes ou des arbres, lorsqu’elles sont reçues dans une terre propre à les faire végéter, l’œuf pousse des racines, qui pénétrant jusques dans la substance de la matrice, forment une masse qui lui est intimement attachée, appellée le placenta. Au-dessus elles ne forment plus qu’un long cordon, qui allant aboutir au nombril du fœtus, lui portent les sucs destinés à son accroissement. Il vit ainsi du sang de sa mere, jusqu’à ce que n’ayant plus besoin de cette communication, les vaisseaux qui attachent le placenta à la matrice se dessechent, et s’en séparent.

L’enfant alors plus fort, et prêt à paroître au jour, déchire la double membrane dans laquelle il étoit enveloppé, comme on voit le poulet parvenu au terme de sa naissance briser la coquille de l’œuf qui le tenoit renfermé. Qu’une espece de dureté qui est dans la coquille