Page:Maupertuis - Œuvres, Dresde, 1752.djvu/271

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Dans des especes différentes ces ressemblances sont plus sensibles. Qu’un homme noir épouse une femme blanche, il semble que les deux couleurs soient mêlées ; l’enfant naît olivâtre, et est mi-parti avec les traits de la mere et ceux du pere.

Mais dans des especes plus différentes l’altération de l’animal qui en naît est encore plus grande. L’âne et la jument forment un animal qui n’est ni cheval ni âne, mais qui est visiblement un composé des deux : et l’altération est si grande, que les organes du mulet sont inutiles pour la génération.

Des expériences plus poussées, et sur des especes plus différentes, feroient voir encore vraisemblablement de nouveaux monstres. Tout concourt à faire croire que l’animal qui naît est un composé des deux semences.

Si tous les animaux d’une espece étoient déjà formés et contenus dans un seul pere ou une seule mere, soit sous la forme de vers, soit sous la forme d’œufs, observeroit-on ces alternatives de réssemblances ? Si le fœtus étoit le ver qui nage dans la liqueur séminale du pere, pourquoi ressembleroit-il quelquefois à la mere ? S’il n’étoit que l’œuf de la mere, que sa figure auroit-elle de commun avec celle du pere ? Le petit cheval déjà tout formé dans l’œuf de la jument prendroit-il des oreilles d’âne, parce qu’un âne auroit mis les parties de l’œuf en mouvement ?

Croira-t-on, pourra-t-on imaginer que le ver spermatique, parce qu’il aura été nourri chez la mere, prendra sa ressemblance et ses traits ? Cela seroit-il beaucoup plus ridicule qu’il ne le seroit de croire que les animaux dussent ressembler aux alimens dont ils se sont nourris, ou aux lieux qu’ils ont habités ?

CHAPITRE XIV

Systême sur les monstres.


On trouve dans les Mémoires de l’Académie des Sciences de Paris une longue dispute entre deux hommes célebres, qui, à la maniere dont ils combattoient, n’auroit jamais été terminée sans la mort d’un