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des abénakis.

neur qu’il leur avait donné sa parole qu’ils seraient bien traités, qu’ils demeureraient libres, et qu’ils ne s’étaient rendus à lui qu’à cette condition, celui-ci lui répondit que, puisque la Saussaye n’était pas muni d’une commission, il ne pouvait se dispenser de regarder ces gens comme des pirates. Alors, Argall, pour sauver la vie des prisonniers, se vit dans l’obligation d’avouer la supercherie qu’il avait commise. Il déclara qu’il s’était emparé des papiers de la Saussaye, parmi lesquels était une commission du roi de France, qui l’autorisait à faire un nouvel établissement à la rivière Pentagoët. Ainsi, il racheta la vie des prisonniers français au prix de la confusion que lui causa un tel aveu [1].

Cependant, les Anglais ne s’en tinrent pas à ce premier exploit, et résolurent de détruire Port-Royal. Trois vaisseaux furent mis sous le commandement d’Argall, qui partit de suite pour cette expédition, emmenant les deux Jésuites et les prisonniers français[2]. Il se rendit d’abord à Saint-Sauveur, y abattit la croix plantée par les P. P. Jésuites, et en érigea une autre, sur laquelle il grava le nom du roi d’Angleterre[3]. De là, il se dirigea vers la rivière Sainte-Croix, pour aller détruire ce qui restait de l’ancien établissement de M. de Monts. Comme il ne connaissait pas cette route, il voulut se faire conduire par le P. Biard ; mais celui-ci s’y refusa, ce qui lui causa

  1. Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. I. 214.
  2. Relation du P. Biard. 1611. 53.

    Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. I. 214.

  3. Relation du P. Biard. 1611. 53.