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histoire

Il s’engagea aussi à faire tout son possible pour obtenir la soumission de son fils, commandant au Cap-de-Sable. On lui donna deux vaisseaux, et il partit pour l’Acadie, tandis que Kerth allait attaquer Québec.

Le jeune la Tour ne se laissa fléchir, ni par les menaces, ni par les flatteuses promesses de son père. Il lui fit cette noble réponse : « Le roi, mon maître, m’a confié cette place, je la défendrai jusqu’à mon dernier soupir. »

Claude la Tour fut vaincu par son fils[1]. N’osant alors reparaître, ni en France, ni en Angleterre, il demeura quelques années en Acadie, dans une maison que son fils lui fit bâtir[2].

À cette époque, quinze années s’étaient écoulées depuis le départ des P. P. Jésuites de Saint-Sauveur. Pendant cette période, les Abénakis n’avaient pas vu un seul prêtre. Ils étaient donc demeurés sans secours religieux. Ils ne pouvaient en attendre de Québec, car alors il n’y avait aucune communication entre le Canada et l’Acadie. Les nouvelles ne se communiquaient entre ces deux pays qu’en passant par la France[3].

Aussi, la plupart de ces sauvages avaient presque complètement oublié les instructions des Pères, et

  1. C’est cet admirable trait de courage et de fidélité qui inspira il y a quelques années, à un jeune poète canadien, M. A. Gérin-Lajoie, l’idée de chanter le siège du fort du jeune la Tour, Nous nous rappelons encore le plaisir que nous fit éprouver le récit de ce remarquable travail. Ce premier succès a été le prélude d’une suite d’écrits fort importants, sous tous rapports, qui ont placé M. A. Gérin-Lajoie au rang des premiers écrivains canadiens.
  2. Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. II. 192-195.
  3. Relation des Jésuites. 1626. 41.