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des abénakis.

anciens quel amour ils pourraient avoir pour notre foi. Comme ils ont beaucoup d’affection pour mon frère Noël Negabamat que voici, j’ai jeté dans leurs oreilles les paroles qu’il m’a mises en bouche. Je leur ai dit que mon frère était sensible à leur amitié, mais que cette amitié serait bien courte, puisqu’elle se terminerait avec la vie, que pour s’aimer encore après la mort, il fallait croire en Dieu, et que, sans cela, leur séparation serait éternelle. Je leur ai parlé de la beauté du ciel, et des horreurs de l’enfer. »

« Après m’avoir entendu, trente hommes me dirent qu’ils embrasseraient notre religion, et dix femmes m’assurèrent la même chose. Tous les autres m’exhortèrent à venir chercher un Père à Québec, me disant qu’ils seraient bien aise de l’entendre avant d’engager leur parole. »

« Un Chef, qui a vu la piété des chrétiens de Sillery, se trouvant dans ce conseil, raconta les merveilles que notre foi opère[1]. Il assura qu’il se ferait baptiser au plus tôt, et qu’il ne souffrirait auprès de lui aucun sauvage qui refuserait de se faire instruire. Voilà les pensées et les résolutions de mes frères. Voyez si vous voulez me donner un Père. Mes frères doivent se réunir l’hiver prochain dans un

  1. Les Abénakis qui allaient chaque année à Québec étaient toujours touchés et impressionnés par la piété et la charité des chrétiens de Sillery (Bancroft. Hist. of the U. S. Vol. II. 793). De retour dans leur pays, ils racontaient à leurs frères les merveilles qu’ils avaient vues. Ces récits impressionnaient toujours les sauvages, et les portaient à désirer cette foi qui opérait de si grandes choses chez ceux de Canada.