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à abandonner leurs superstitions, et n’approuvèrent pas les autres. Ils pensaient qu’on introduisait parmi eux une nouveauté, qui pouvait leur devenir funeste. Bientôt, ils voulurent employer la jonglerie pour obtenir la guérison d’un malade ; mais celui-ci, étant dans de bonnes dispositions et croyant tout ce que le missionnaire avait dit à ce sujet, ne consentit pas à cette affreuse superstition. Il déclara hautement « que s’il recouvrait la santé, ce ne serait que par le secours de Celui qui seul peut conserver ou ôter la vie, selon sa volonté »[1].

Le missionnaire résida à sa petite chapelle jusqu’au mois de Janvier, 1647, instruisant les sauvages et les faisant prier, visitant et secourant les malades. Pendant son séjour en cet endroit, il avait baptisé une trentaine de malades, qu’il avait préparés à la mort ; mais il n’avait pas jugé à propos de baptiser des adultes en santé ; il voulait les instruire et les éprouver plus longtemps[2].

Au commencement de Janvier, lorsque les sauvages se préparaient pour leur grande chasse, où le missionnaire devait les accompagner, les jongleurs essayèrent de les effrayer. Ils publièrent que tous ceux qui priaient seraient malheureux à la chasse, et mourraient bientôt, que le Patriarche[3] et tous ceux qui

  1. Relations des Jésuites. 1617. 53.
  2. Idem, 1647. 53.
  3. C’est le nom que les Abénakis donnèrent au P. Druillettes (Relations des Jésuites. 1647). Depuis ce temps, ils ont toujours ainsi appelé leurs missionnaires. Ils disaient autrefois « Patrias », mais aujourd’hui, comme ils ne se servent plus de la lettre « R », ils disent « Patliôs ».