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des abénakis.

Il était surtout admirable à voir comme les petits enfants montraient de l’empressement et du courage pour apprendre les prières. Ils assistaient régulièrement à la prière qui se faisait en commun à la chapelle, soir et matin. Ils suivaient toujours, en grand nombre, le missionnaire, lui demandant de leur enseigner les prières. Ils se mettaient alors à genoux, joignaient dévotement leurs petites mains, et prononçaient posément et distinctement les paroles qu’il leur faisait répéter. Ils ne manquaient jamais à ce pieux et édifiant exercice[1].

3o. Le missionnaire admira souvent la grande affection que ces bons sauvages lui témoignaient. Dans leurs festins, ils l’honoraient toujours du mets qu’ils servaient aux Chefs. En voyage, on lui donnait le meilleur canot ; s’ils prenait un aviron, on le lui enlevait des mains, en disant que son ouvrage était de prier Dieu. « Prie pour nous, » disaient les sauvages, « et nous ramerons pour toi »[2]. Dans les portages, où il fallait porter le bagage et les canots, il n’était chargé que de sa petite chapelle de voyage[3], et souvent quelques uns le priaient de la placer sur les sacs qu’ils portaient, disant « que ce petit fardeau de

    sauvages traçant sur des morceaux d’écorce, ou autres objets, des hiéroglyphes fort singuliers. Ces sauvages passaient ensuite la plus grande partie de la nuit suivante à étudier ce qu’ils avaient ainsi écrit, et à l’enseigner à leurs enfants ou à leurs frères. La rapidité avec laquelle ils apprenaient de cette manière les prières était fort étonnante.

  1. Relations des Jésuites. 1652. 29.
  2. Relations des Jésuites. 1652. 29.
  3. La chapelle de voyage était une petite boîte contenant tous les objets nécessaires pour célébrer le Saint-Sacrifice de la messe.