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des abénakis

Après une marche pénible et dangereuse de quinze jours, nos voyageurs arrivèrent à la rivière Saint-Jean, à peu près à l’endroit qui se nomme aujourd’hui Madawaska[1]. Grande fut leur surprise lorsqu’ils s’aperçurent qu’ils n’étaient qu’à peu près au tiers de leur voyage, tandis qu’ils croyaient être dans les environs de la rivière Kénébec ; et pour comble de malheur, leurs vivres étaient épuisés.

Dans cette grande détresse, le missionnaire eut recours à Dieu. Il offrit le saint sacrifice de la messe dans ces immenses forêts, pour conjurer le Seigneur de le secourir. À peine avait-il terminé les cérémonies de la messe, qu’un catéchumène vint lui annoncer joyeusement qu’il avait tué trois orignaux. Cette manne, qui sauvait la vie des voyageurs, fut reçue comme venant du ciel. Tous reconnurent en cette chasse, tout-à-fait inattendue, un secours extraordinaire, et s’empressèrent de remercier Dieu de cette protection si visible[2].

La viande d’orignal fut séchée et fumée, pour servir de nourriture pendant le reste du voyage.

Il fallut alors s’embarquer sur les canots pour remonter la rivière Saint-Jean jusqu’à sa source. C’était un voyage extrêmement dangereux, car en ces endroits les torrents de cette rivière sont si impétueux que la vie du voyageur y est sans cesse en danger. Les voyageurs rencontrèrent tant de chûtes, de cascades et

  1. Le mot « Madawaska, » que l’on devrait écrire ainsi « Madaouaska », vient de « Môda8as8ka » ou « Môda8as8ki », terre du porc-épic.
  2. Relations des Jésuites. 1652. 23.