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des abénakis

te trouver. Tous te regrettaient avec larmes. Mais enfin te voilà de retour »[1].

Quelques uns lui faisaient d’affectueux reproches. « Si tu nous as fait beaucoup de bien par ta présence », disaient-ils, « tu nous as causé de grands maux par ton absence. Si tu étais demeuré parmi nous, tu nous aurais instruits plus parfaitement. Maintenant nous ne sommes chrétiens qu’à demi. Le démon a désolé notre pays, parceque nous ne savions pas suffisamment comment il faut avoir recours à Jésus »[2].

Un chef fit une harangue qui le toucha jusqu’aux larmes. « J’aime mes enfants plus que moi-même », lui dit-il. « J’en ai perdu deux depuis ton départ. Leur mort n’est pas ma plus grande douleur ; mais tu ne les as pas baptisés, et c’est ce qui me fait mourir. Il est vrai que je leur ai fait ce que tu m’as recommandé, mais je ne sais si je l’ai bien fait et si jamais je les verrai dans le ciel. Si tu les avais baptisés toi-même, je ne les regretterais pas, et ne serais pas triste de leur mort ; au contraire, j’en serais consolé. Du moins si, pour bannir ma tristesse, tu nous promettais de ne pas penser à Québec d’ici à dix ans et de ne pas nous abandonner pendant ce temps là, tu ferais voir que tu nous aimes et j’oublierais entièrement mon malheur »[3].

Un jeune homme, qui était venu de loin pour le rencontrer, l’étonna par ses admirables sentiments.

  1. Relations des Jésuites. 1652. 25.
  2. Idem. 1652. 25.
  3. Relations des jésuites, 1652, 25.