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des abénakis.

Cette tradition, ridicule en apparence, est fort intéressante, puisqu’elle nous apprend que ces sauvages avaient une idée de l’Incarnation du Fils de Dieu avant leurs relations avec les Français. Peut-être avaient-ils puisé cette idée dans leurs rapports avec les Bretons, qui résidèrent en leur pays, parait-il, longtemps avant le voyage que Vérazzani y fit en 1524. Toutefois, une étude sur l’origine de cette idée serait fort intéressante.

Les Iroquois résolurent donc de porter leurs armes sur cette terre de délices, prétextant une insulte qu’ils avaient reçue des Abénakis. Quelque temps auparavant, voulant exiger une sorte de tribut de ces sauvages, ils leur avaient député trente des leurs, pour traiter de cette affaire. Les Abénakis, irrités d’une pareille exigence, tuèrent vingt-neuf de ces députés, s’emparèrent du dernier, lui coupèrent les lèvres, lui arrachèrent les cheveux et le renvoyèrent en cet état porter la nouvelle de ce qui s’était passé à l’égard de ses frères, avec ordre de dire à ses Chefs que tous les Iroquois auraient le même sort, s’ils persistaient dans leurs prétentions[1].

Les Iroquois, sous prétexte de venger cette insulte, armèrent un parti considérable de guerriers, et l’envoyèrent vers la rivière Kénébec.

Dans cette expédition, une bourgade abénakise, située dans le voisinage des Hollandais, fut entièrement détruite[2]. Les sauvages de cette bourgade, ayant

  1. Relations des Jésuites. 1662. 1, 2.
  2. Cette bourgade n’était pas éloignée du lac Sebago. Le mot « Sebago » vient de « Segago », vomit. Les Abénakis appelaient