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histoire

fureur sur les frontières de la Nouvelle-Angleterre, y détruisirent douze ou treize établissements, et massacrèrent plus de 200 colons. Cette sanglante expédition répandit l’épouvante dans la Nouvelle-Angleterre[1].

C’est ainsi que les Abénakis vengèrent le massacre de la Chine.

Les Anglais, perdant alors tout espoir d’engager ces sauvages à embrasser leur cause, résolurent de les exterminer, comme en 1679. Mais ce n’était pas facile, car les choses étaient bien changées depuis dix ans. Les Abénakis, désormais protégés et secourus par les Français, et ayant un refuge sûr en Canada, pouvaient se moquer des menaces de leurs ennemis. D’ailleurs les colons anglais étaient si épouvantés qu’ils n’osaient prendre les armes contre ces terribles ennemis. Dans cet embarras, les Anglais s’adressèrent aux Iroquois et les invitèrent à s’unir à eux pour faire une invasion chez les Abénakis. Des commissaires furent envoyés à Albany, pour y rencontrer les Iroquois et traiter de cette affaire. Ceux-ci répondirent : « Nous avons brûlé Montréal, nous sommes les alliés des Anglais ; nous ne voulons pas rompre le lien qui nous unit à eux, mais nous ne pouvons aller faire la guerre aux Abénakis »[2]. La Nouvelle-Angleterre fut donc forcée de renoncer à son projet de guerre d’extermination contre les Abénakis.

  1. Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol II. 418, 419. — Garneau. Hist. du Canada. Vol 1. 305.
  2. Bancroft. Hist of the U. S. Vol. II. 827.