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des abénakis.

morts, dans ceux que l’on fait après la messe sur la représentation, ils suivent la note aussy exactement que s’ils avoient des livres devant les yeux. Tout se chante en leur langue, excepté ce qu’ils répondent en latin au célébrant. Les femmes surtout ont de très-belles voix, aussy douces et plus fortes que la voix des femmes françoises. Le cheur des hommes prend la basse lorsque l’on chante quelque motet à trois ou quatre parties ; et toutes les autres parties sont soutenues par plusieurs voix égales de femmes qui s’accordent parfaitement et qui ne s’écartent pas le moins du monde de leur ton, dans les reprises, mesme des chants, après quelque repos. Vous me pardonnerez bien, messieurs, une si longue digression, qui vous fera un peu connoistre les personnes que vous avez bien voulu honorer du nom de vos frères ; mais je compterois peu sur ces qualités naturelles et je ne croirois pas qu’elles les dussent rendre dignes de l’honneur que vous leur faites, si elles ne le méritoient un peu d’ailleurs. Si vous voyiez, messieurs, leur ferveur, leur innocence et leur éloignement extrême qu’ils ont des moindres petites fautes, leur docilité pour nos saints mystères, leur modestie en y assistant, leur application continuelle à penser à Dieu, leur amour pour J. C. crucifié et pour sa sainte Mère, qui va très-souvent jusqu’à une extrême tendresse, un désir héroïque de souffrances de quelques uns jusqu’à donner des marques sensibles de leur joye lorsqu’ils souffrent le plus, enfin toutes les marques de prédestination