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jets de piété, avec une douce familiarité et une innocente gaîté.

Lorsque les sauvages allaient à leur grande chasse de l’hiver, le missionnaire les y accompagnait ; lorsqu’ils descendaient à la mer, au temps de la chasse et de la pêche, le Père les suivait encore. Alors, une petite chapelle d’écorce était érigée sur quelqu’îlot de la mer, et le saint-sacrifice de la messe y était célébré chaque jour.

Le Père Rasle aimait ses Abénakis plus que lui-même, et il avait consacré sa vie à travailler à leur salut. Les sauvages, sensibles à toutes les preuves d’affection qu’il leur donnait, l’aimaient comme un tendre père et se montraient toujours très-dociles à ses leçons. Aussi bientôt, ils embrassèrent presque tous la foi chrétienne, et firent de rapides progrès dans la ferveur et la piété. La foi de leurs pères, qui, plus de cinquante ans auparavant, avait donné tant de consolation au P. Druillettes, se réveilla dans leurs cœurs, et opéra parmi eux les merveilles qu’on avait vues dans cette mission, de 1646 à 1652[1].

Ainsi, vers 1700, les Abénakis de Kénébec étaient donc ce que leurs pères avaient été, en 1652.

En 1717, le Gouvernement de Massachussetts fit une tentative pour établir une mission protestante parmi ces sauvages. Un ministre y fut envoyé dans ce but, avec injonction d’y établir une école. Ce ministre était le plus habile d’entre ceux de Boston.

Comme on savait que les Abénakis étaient extrê-

  1. Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. IV. 109-120.