put les empêcher de brûler tous les établissements[1].
Bientôt, les Acadiens émigrèrent au Cap Breton, à l’Isle Terreneuve, à Miramichi, à la Baie-des-Chaleurs et à Québec. Ils offraient partout le spectacle d’une profonde misère. Environ 11,000 émigrèrent alors[2].
Il ne restait plus dans l’isthme que 5,000 à 6,000 Acadiens. Le gouverneur Lawrence résolut de les disperser dans les colonies anglaises. Afin qu’aucun ne put s’échapper, on ordonna le secret le plus inviolable touchant cette résolution. L’enlèvement des habitants devait se faire, le même jour et à la même heure, dans toutes les parties de l’Acadie. Le 5 Septembre, 1755, on convoqua, dans chaque paroisse, une assemblée des habitants, sous prétexte de leur communiquer un message important du gouverneur. Un certain nombre d’habitants, surtout de Beaubassin et d’Annapolis, se doutant de quelque chose, se réfugièrent dans les bois et vers les postes français les plus voisins. Mais dans le district des Mines, le plus riche de l’Acadie, le complot des Anglais réussit parfaitement. Les habitants se rendirent à l’appel du gouverneur. Ils furent aussitôt cernés par des troupes ; on leur annonça qu’ils étaient prisonniers de guerre, et qu’ils seraient conduits dans les colonies anglaises. Ces malheureux furent entassés, le 10 Septembre, sur des vaisseaux anglais, qui allèrent les jeter sur le rivage, depuis Boston jusqu’à la Caroline, sans pain et sans protection. Quelques-uns de ces exilés