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Page:Maurel - L Orniere.djvu/253

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CINQUIÈME PARTIE

I

L’auto s’arrêta à la petite barrière. Reine n’avait pas fait pratiquer de chemin carrossable jusqu’à la chaumière. Elle disait : « Ce n’est pas la peine pour si peu de temps. » Quand elle eut quitté d’un bond la petite torpédo, elle défripa sa courte jupe et courut vers la maison.

Mme Almin, assise sur le banc, l’attendait dans un véritable bain de soleil d’automne.

— Te voilà enfin ! dit-elle.

Reine la serra contre elle. Ces deux années n’avaient guère marqué la vieille dame. Tant de soins et d’amour l’entouraient que la vie coulait sans la toucher malgré ses inquiétudes perpétuelles. Ce jour-là elle ajouta :

— À te savoir courir les foires je crains toujours un accident.

Comme d’habitude, Reine se mit à rire.

— J’aurai trente-deux ans demain, maman, si je ne sais pas me conduire, je ne saurai jamais.