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les élèves d’ingres

sorties de l’école de Pérugin », qui a foulé en vain cette terre, l’Italie, qui faisait jadis les héros et qui fera encore les artistes. »[1]

Il en était arrivé définitivement à Raphaël, lorsque en 1824 (le Vœu de Louis XIII), la presse officielle, cessant de le malmener, le désigna comme le sauveur de l’Institut. Le gothique avait fait de nombreux adeptes dans tous les camps, et surtout dans l’école romantique que le critique Jal appelait l’école anglo-vénitienne. L’évolution de M. Ingres était terminée.

Toutes les tendances depuis manifestées dans l’art du xixe siècle étaient donc comme flottantes dans l’atmosphère intellectuelle où se forma M. Ingres. L’enseignement basé sur l’antique romain, sur l’inutile perfection de l’Apollon du Belvédère était déjà chancelant dans l’atelier même de David. Or, la peinture antique, celle des Vases et celle de Pompéi, se trouvait combinée avec la tradition giottesque, au gré de M. Ingres, dans le seul génie du peintre des Stanze et des Loges. Il eut ainsi le rare bonheur de proposer en exemple à ses élèves le compromis exceptionnel que réalisa, entre l’antique grec et les primitifs chrétiens, entre le beau canonique et le beau expressif, le divin Raphaël.

II

la doctrine de m. ingres

Voici, d’après ses propres écrits ou d’après les souvenirs de ses élèves, quelques aphorismes, en ordre méthodique, qu’il importe de méditer pour connaître la doctrine de M. Ingres[2].

  1. De Kératry. — Lettres sur le Salon de 1819.
  2. La plupart des citations de M. Ingres (celles dont je n’indique pas la source) sont empruntées aux cahiers de Montauban, dont M. Lapauze a publié des résumés analytiques et des extraits judicieusement choisis dans son grand ouvrage sur les Dessins d’Ingres. Je dois encore à l’obligeance de M. Lapauze la communication des précieuses photographies du texte du ixe cahier.

    J’ai consulté également l’Ingres de Delaborde ; l’atelier d’Ingres d’Amaury-Duval ; Opinion d’un artiste sur l’Art de Janmot ; Ingres, son école, son enseignement du dessin de R. Balze, etc.