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les élèves d’ingres

Et d’abord, la nécessité d’une doctrine :

Poussin n’eût jamais été si grand, s’il n’avait eu une doctrine.

Sur l’œuvre d’art :

Si j’avais un fils je voudrais qu’il n’apprit à peindre qu’en faisant des tableaux.

(Cité par Janmot). Janmot ajoute que cette opinion était en désaccord avec la pratique habituelle de son enseignement ; que, d’ailleurs, il est bien vrai que les Maîtres n’ont pas laissé d’études, les œuvres que nous en avons ayant toujours une destination :

Sur la nature et sur le beau :

La nature supérieure est maîtresse, elle accorde tout à ceux qui lui demandent en face et n’est avare que pour les pauvres honteux (cité par Flandrin).

Copier tout bonnement, tout bêtement, copier servilement ce qu’on a sous les yeux ; l’art n’est jamais à un si haut degré de perfection que lorsqu’il ressemble si fort à la Nature qu’on peut le prendre pour la Nature elle-même.

Conservez toujours cette bienheureusenaïveté, cette charmante ignorance (cité par Amaury-Duval).

Aimez le vrai parce qu’il est aussi le beau.

Le nom de beau idéal, si mal entendu de nos jours, ne désigne que le beau visible, le beau de la nature.

Mais

L’art ne doit rendre que la beauté.

Si vous voulez voir cette jambe laide, je sais bien qu’il y aura matière : mais je vous dirai prenez mes yeux et vous la trouverez belles.

Si je pouvais vous rendre tous musiciens, vous y gagneriez comme peintres. Tout est harmonie dans la nature… Aujourd’hui nombre d’artistes crient contre les compositions, ne veulent plus de l’arrangement d’un tableau… la nature du hasard, rien que la nature, et avec cela, empâtez, placardez la couleur en masse : voilà leurs principes ! (cité par Balze).

Croyez-vous que je vous envoie au Louvre pour y trouver le beau idéal, quelque chose d’autre que ce qui est dans la nature. Ce sont de pareilles sottises qui aux mauvaises époques ont amené la décadence de l’art. Je vous envoie là parce que vous apprendrez des antiques à voir la nature. parce que ils sont eux-mêmes la nature : il faut vivre d’eux, il faut en manger… (Balze).