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Page:Maurice Goudard - La défense du libéralisme.pdf/162

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de son voisin, tandis qu’il proteste véhémentement contre toute atteinte à son bien personnel. Il n’a cure de la lourdeur des taxes tant que celles-ci ne s’adressent pas directement à lui.

En d’autres termes, les bons impôts sont anonymes, inconnus, automatiques et simples, tandis que les mauvais sont personnels, visibles, entourés de formalités et de déclarations.

Et c’est là la grande querelle entre les impôts directs et les impôts indirects, qui a déjà fait et fera encore couler beaucoup d’encre.

Mes propres intérêts ne sont pas en cause. Je me considère, dans la vie, comme un caissier-chef chargé de distribuer, entre mes parents, mes amis ou amies, mes serviteurs et mes bonnes œuvres, la plus large partie de mes revenus. Si ceux-ci sont par trop amputés par le fisc, je réduis mes libéralités et souvent mes soucis. Je n’en suis pas personnellement affecté, mais je n’admets pas que, lorsqu’il existe tant de moyens de prendre l’argent « là où elle est », comme disait un distingué parlementaire, on emploie la manière la plus vexatoire, la plus cruelle, la plus blessante, la plus haïe, la plus injuste, la plus brutale, comme aurait dit Mme de Sévigné.

Le lecteur a certainement deviné que je visais l’impôt sur le revenu, direct et personnel, qui est, à mon avis, la forme la plus détestable que le législateur ait jamais inventée.