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Ils ne sont pas l’effet du hasard et, depuis que des hommes légifèrent, Dieu seul sait combien de discours ont été prononcés et d’écrits publiés pour provoquer, promouvoir, décider, applaudir, critiquer ou maudire les innombrables dispositions légales dont s’enorgueillit notre civilisation. L’étude de leur influence sur l’économie demanderait des volumes, et je dois me borner à souligner leurs principaux effets.

Esprit des Lois.

En empruntant ce titre à Montesquieu, je n’ai pas l’intention de me comparer au célèbre philosophe. Si pendant vingt ans, ce dernier a mis ses dons d’observateur et de psychologue au service des bâtisseurs de lois, j’ai, sur lui, l’énorme avantage d’être plus vieux de deux cents ans, ce qui me permet d’apprécier l’influence qu’il a pu exercer sur les législateurs. Or, si le pauvre Montesquieu venait à ressusciter de nos jours, il serait certainement très vexé de voir le peu de cas que nos gouvernants font de ses sages préceptes.

Pour moi, qui n’ai ni la science politique d’un Platon, d’un Montesquieu ou d’un Sieyès, ni la compétence juridique d’un Dalloz, je n’aurai pas l’outrecuidance de me poser en législateur, mais j’ai le mérite d’avoir, dans ma vie, essayé d’appliquer d’innombrables lois, ce qui me donne quelque droit d’exiger, pour elles, certaines qualités maîtresses.