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Page:Maurice Goudard - La défense du libéralisme.pdf/43

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uniquement sur elles et de les aider par un labeur acharné.

Les débuts furent très durs.

Notre premier souci fut d’installer un atelier, car nous brûlions du désir d’inonder le marché de nos produits. Cette audacieuse prétention se doubla d’une fâcheuse erreur dans le choix de l’emplacement. Séduits par la modicité du loyer — 2.000 francs par an — nous nous installâmes rue de Montreuil, au fond d’une impasse sordide, ayant, comme voisins, un fabricant de meubles et un polisseur de glaces.

Nous avions réussi cette gageure d’être éloignés à la fois de nos domiciles, de nos clients et de nos fournisseurs. Comme nos moyens ne nous permettaient pas l’achat d’une voiture, nous perdions un temps précieux dans le métro et les tramways.

Mais ce qui était le plus grave, c’est que le radiateur centrifuge s’avérait d’un lancement difficile. Il avait bien toutes les qualités théoriques de solidité et de refroidissement, mais il présentait un défaut que je n’avais pas prévu. Par sa conception, il était circulaire, alors que la mode était à la forme Louis XV. Chaque Constructeur d’automobiles tenait à l’aspect de son capot, comme si la marche de la voiture en dépendait. Toute la clientèle se cabrait devant un changement de forme. Et comme nous n’avions qu’une seule corde à notre arc, l’alimentation de l’atelier devenait un pro-