Page:Maurice Goudard - La défense du libéralisme.pdf/76

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combattant. J’aurais eu dix fois l’occasion de revenir à l’usine pour y gagner des millions, Mennesson aussi. Nous avons préféré faire notre devoir modestement, sans esprit de lucre, ce qui prouve bien que ce n’est pas toujours l’intérêt qui guide les hommes, mais bien plutôt les satisfactions d’amour-propre, et celles-ci ne nous avaient pas été ménagées pendant la guerre.

Si j’ai raconté, brièvement, ma carrière militaire, c’est d’abord que je m’y suis cru autorisé par ma remarque liminaire de la page 46 et qu’ensuite mon récit se rattache directement au titre de ce livre. Car, malgré mes goûts et mon caractère de libéral, j’avais été mêlé à la plus grande expérience étatiste que j’eusse connue. J’ai fait de mon mieux pour la mener à bien ; Sur le papier, j’avais remporté des succès éclatants. Le Parc automobile, les pommes de terre, les cinémas, la Motoculture m’avaient valu des félicitations chaleureuses. En réalité, j’avais fait faillite, car j’avais toujours éludé le côté financier de ces exploitations. Tout m’était fourni gratuitement : main-d’œuvre, matériaux, transports, et mes clients ne payaient pas — ou si peu pour les cinémas. — En temps de guerre, ces procédés sont excusables, et même impératifs. Mais, pour le temps de paix, j’avais touché le vice grave de l’étatisme, qui est la négation du rendement. Une nation peut y résister pour une courte période, ou à l’intérieur de secteurs restreints, mais elle court à la catastrophe si elle entend généraliser ces méthodes, brimer l’initiative individuelle, diluer les responsabilités, encourager les inca-