Page:Maurice Joly - La Question brulante - H Dumineray editeur, 1861.djvu/28

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liariser avec l’exercice d’une faculté qui s’est rouillée si longtemps dans ses mains ; elle le doit parce qu’elle aura besoin tôt ou tard d’être libre dans sa force et calme dans sa liberté.

Mais il est douteux que le pays sorte si tôt de son engourdissement. Nul mouvement d’opinion n’a précédé ni suivi cette crise, l’atonie persiste en présence du remède le plus salutaire : c’est un symptôme que le siège du mal est profond. Il appartient au gouvernement de découvrir les causes cachées qui paralysent l’effet de ses généreux efforts ; sa haute bonne foi, son incomparable franchise, ses intérêts mêmes sont un sûr garant qu’il entend marcher sérieusement dans la voie qu’il a ouverte lui-même. Nous ne sommes pas de ceux qui se mêlent de conseiller les princes et de leur donner des avis dont ils n’ont que faire ; mais peut-être dans une prochaine étude essaierons-nous de préciser la question et d’indiquer quels ressorts moraux et politiques il conviendrait de faire jouer pour que l’acte du 24 novembre atteignît le but que l’on s’est proposé.

La véritable question, la question brûlante est là ; nous n’avons qu’un intérêt indirect dans les affaires extérieures ; notre intérêt le plus pressant est chez nous, le public ne doit pas l’oublier.

Quant à nous qui, dans ce très-modeste écrit, avons essayé de donner les premiers l’exemple d’une franchise et d’une hardiesse que les temps rendent nécessaires, nous ne croyons pas avoir blessé la susceptibilité publique. Il ne faut pas flatter les peuples, il faut essayer de leur dire la vérité. Les masses ne s’en offensent jamais, il n’y a que les individus qui la craignent.