Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/127

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répondit une grande déhanchée qui s’appelait Rosalba.

— Oh ! la jolie épingle que vous avez là, monsieur Berg-op-Zom ! s’écrièrent deux ou trois effrontées qui venaient de s’abattre comme des sauterelles vers la table où Marius Simon tenait ses assises avec Berg-op-Zom.

— Bas les pattes, Amanda ! on ne touche pas à monsieur. Il est père de quatre enfants en bas âge, dont deux jumeaux actuellement en nourrice.

— Tiens ! est-ce que je suis pas un bébé aussi, moi ? fit Amanda en faisant passer ses bras rondelets sous les yeux du vieil épicier qui se mit à rire. J’ai perdu mon bracelet hier au Beuglant. Voyez donc, monsieur Berg-op-Zom, ce pauvre petit bras qui n’a plus de bracelet.

— Dis donc, papa, prête-moi cent sous, dit une autre.

— La mendicité est interdite dans le département de la Seine, dit Marius Simon, les capitaux sont rares sur le marché et se jettent sur les emprunts d’État. Monsieur vient de se ruiner dans les cuirs bouillis, quant à moi, je couche à la corde et je ramasse les cure-dents.

— Monsieur Marius, vous seriez si gentil si vous vouliez faire mon portrait !

— Je ne peins que le nu.

— Qu’à cela ne tienne, on se mettra en sauvage.

Pendant que Berg-op-Zom goûtait avec bonheur les charges de Marius Simon, Chiffonnette était en train de batailler avec un étudiant qui voulait la retenir. Elle lui échappe en courant, trébucha et vint tomber sur les genoux de Karl, qui achevait sa partie d’échecs.

— Défendez-moi, monsieur, dit la jeune dévergondée en entourant de ses bras la tête de Karl, qui ne sa-