Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/148

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avoir aucun renseignement sur la succession dent il s’agit ; votre client est littéralement à ma discrétion.

— Peut-être pas autant que vous le croyez, dit Georges Raymond essayant de jouer au fin et montrant du doigt un dossier qui était censé contenir les papiers de Karl.

Le regard de Doubledent suivit comme un trait de flamme le geste du jeune avocat.

— Je ne connais pas les pièces que vous pouvez avoir entre les mains ; mais je vous défie, monsieur, de prononcer le nom du détenteur de la succession, et de me dire seulement en vertu de quel droit M. Karl Elmerich pourrait agir.

— Mais vous l’avez dit vous-même, c’est en vertu d’un testament postérieur qui révoque…

Doubledent se mit à rire d’un rire sardonique qu’il alternait avec un gros rire de bonhomie, suivant les impressions qu’il voulait produire.

— Vous ne savez pas un mot de l’affaire, fit-il.

— Supposons-le ; où voulez-vous en venir ?

— À ceci : ne pouvant rien sans moi, vous ne ferez rien, absolument rien, sans mes conseils.

— Pourquoi pas, si vos conseils sont bons et conformes à l’intérêt de mon ami ?

— Pas d’enfantillage dit Doubledent en haussant les épaules, vous êtes trop intelligent pour ne pas comprendre que, dans cette affaire, il n’y a réellement que vous et moi.

— Vous dites, monsieur ?… fit Georges Raymond hésitant entre la crainte de froisser l’agent d’affaires et l’indignation que lui causait un pareil langage.

— Je dis, fit Doubledent prenant pour une sorte