Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/185

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Du Clocher s’est fait son cornac, répondit Ferminet en fermant hermétiquement ses paupières.

— C’est exact, monsieur Ferminet ; mais comment savez-vous cela ?

— Comment ai-je su les agissements de M. d’Havrecourt et ses rapports avec Doubledent ? répondit Ferminet en rouvrant ses paupières.

— À propos, est-ce que ce Doubledent n’était pas clerc de notaire en 1842 à Colmar, chez Me Janodet, lors d’un incendie qui consuma toutes les minutes de l’étude ? Le parquet me demande ce renseignement.

Ferminet avait refermé ses paupières.

— On pourra s’en enquérir, répondit-il laconiquement. Monsieur le directeur sait-il que l’hôtel où nous sommes touche à cette maison de la rue de Rome où deux jeunes filles ont été séduites à l’aide de certains breuvages ?…

— Je le sais, répondit M. Bonafous assez sèchement ; mais l’affaire n’a nullement l’importance qu’on lui avait donnée.

Pendant que M. Bonafous et Ferminet, son compère, poursuivaient à travers les salons de Mme de Saint-Morris leur conversation policière, Georges Raymond comptait les minutes qui le séparaient de son rendez-vous.

— Je serai peut-être tout simplement mystifié, se disait-il en regardant Raffaella, dont le visage était si charmant, qu’il ne pouvait en détacher ses yeux. La jeune fille aussi le regardait. Il se rapprocha d’elle au moment où l’orchestre préludait à une mazurka. Il allait lui parler, lorsque le marquis, qui l’avait devancé près d’elle, s’approcha en disant : Madame, voulez-vous m’accorder la faveur de cette mazurka ?