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Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/221

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dans une des loges de la première galerie, une ravissante tête dont la vue lui fit battre violemment le cœur. Il ne pouvait s’y tromper : c’était elle, c’était Mlle de Nerval.

— Qu’as-tu donc ? lui dit Karl Elmerich en remarquant son émotion subite.

— Rien, répondit Georges, j’aperçois là-bas un de mes amis à qui il faut que j’aille dire un mot, attends-moi.

Et Georges Raymond, en proie au plus grand trouble, monta rapidement au premier étage. Il voulait voir de plus près encore Mlle de Nerval ; il voulait contempler à son aise la traits de cette jeune fille qui l’avait si profondément impressionné dès le premier jour et qui se représentait à ses yeux dans des circonstances si extraordinaires.

La porte de la loge où elle se trouvait était entr’ouverte. Mlle de Nerval était à côté d’une dame d’un certain âge âge que Georges reconnut pour l’avoir déjà vue avec elle, et, dans le fond de la loge, se tenait un vieillard à cheveux blancs de la plus belle mine, que Georges supposa supposa devoir être le comte de Marcus.

— Puisque vous sortez, mon oncle, laissez la porte ouverte un instant, Mme de Dammartin et moi nous étouffons, dit Mlle de Nerval en tournant la tête du côté du couloir.

Georges avait entendu ces paroles ; il connaissait maintenant la voix de Mlle de Nerval, et cette voix était une mélodie ! Il regardait son cou, dont les formes étaient exquises. Elle était à peine décolletée, mais ce que l’on voyait de ses épaules était frais et charmant comme une esquisse de Boucher. Elle riait en montrant quelque chose à sa compagne, et ce rire perlé