Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/232

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teur dans les débats de l’Assemblée constituante. Ami de l’illustre Berryer, à côté de qui il avait siégé sur les bancs de la Chambre des députés, un moment membre du cabinet du Prince-Président après le 10 décembre, mis à l’écart après le coup d’État, il était resté un des adversaires les plus déclarés du régime impérial.

Retiré en apparence de la vie politique, mais attentif aux événements, correspondant en secret avec tous les hommes importants des deux précédents régimes, le comte de B*** caressait depuis longtemps un rêve, c’était d’opérer un rapprochement entre les deux branches de la maison de Bourbon, en vue d’une restauration éventuelle ; en un mot, il était un des partisans les plus convaincus de ce qu’on a appelé la Fusion.

Nous n’avons pas à raconter ici les obstacles qu’il avait rencontrés dans cette entreprise. Si, malgré les négociations laborieuses qu’il avait entamées avec les hommes les plus influents des deux partis, la question de principe n’avait pas fait un pas, il avait du moins démontré la nécessité d’une action commune entre les deux groupes monarchiques à la veille des élections générales.

En vue de ce résultat, il s’agissait de faire passer sous les yeux du chef de la maison de Bourbon un travail fort important sur la situation du parti monarchique en France, une liste d’adhésions recueillies sur un programme rédigé par le comte de B*** lui-même et plusieurs lettres qui lui avaient été adressées par divers personnages considérables.

Le dérangement subit que le comte de B*** venait d’éprouver dans sa santé ne lui ayant pas permis, à son grand regret, de faire lui-même le voyage pour rejoindre à Bruxelles l’envoyé du prince, venu tout exprès à