Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/236

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ges Raymond n’avait que l’apparence de la corruption ; le fond était resté intact ; seulement, il commençait à apprendre la vie, et déjà il était en mesure de lutter avec les hommes et les choses.

Lui, qui était la franchise même, il s’imposa la dissimulation pour pénétrer la pensée d’Hector, qui ne disait jamais la vérité qu’à demi.

Hector reparla de son mariage, d’une combinaison nouvelle qui en assurait la réussite, d’une succession importante et imprévue qui changeait la face des choses. Interrogé par Georges sur l’agent d’affaires dont Hector lui avait parlé autrefois, Hector répondit qu’il avait repoussé ce que les offres de ce personnage avaient de déshonnête, mais que c’était un homme fort, dont le concours lui avait été précieux ; qu’il en avait obtenu des services d’argent, etc.

Georges fut sur le point de lui dire : Je le connais ton homme fort, il s’appelle Doubledent, et voici le trafic que tu entends faire avec lui. Il s’abstint.

Hector parla ensuite de son voyage qui ne devait durer que quarante-huit heures, du comte de B*** dont il avait complètement gagné la confiance, des dépêches qu’il portait à Bruxelles, etc.

— Il se fait tard, je n’ai que le temps de partir, ajouta-t-il en consultant sa montre ; je monte en voiture, accompagne-moi jusqu’au chemin de fer.

Georges Raymond y consentit, et bientôt une voiture les emporta rapidement dans la directions du chemin de fer du Nord.

Mais, tout en causant, Hector crut s’apercevoir que, depuis un instant, une autre voiture suivait la sienne.

— Hâtez le pas, vivement ! dit-il à son cocher, et celui-ci lança son cheval au grand trot ; mais la voiture