Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/255

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de Marcus, l’honneur et la délicatesse même, revendiquerait pour le compte de sa nièce une succession qui appartient tout entière à un fils légitime et qui n’est tombée dans la famille de Nerval que par le fait du hasard. La famille de Marcus permettrait que le crime de Colmar… fût rappelé… que l’identité de Daniel Bernard et de… l’assassin de Jeanne Dolfus, fût établie au grand jour…

— Je n’ai pas à vous rendre compte des intentions de la famille de Marcus, dit le comte interrompant l’agent d’affaires. Avant tout, où est l’héritier et quand comptez-vous le produire ?

— J’aurai l’honneur de vous le présenter moi-même lorsqu’un engagement conditionnel, subordonné à la validité de ses droits, vous aura lié ainsi que Mlle  de Nerval…

Le comte se leva par un geste qui donnait congé à l’audacieux agent d’affaires. Doubledent s’inclina et ajouta avec sa souplesse ordinaire :

— Monsieur le comte a mal compris ; sa parole me suffira jusqu’à ce qu’une transaction régulière intervienne.

— Je ne puis prendre aucun engagement quant à présent, dit le comte de Marcus. Vous aurez, avant tout, à me représenter l’héritier.

Forcé de battre en retraite, une seconde fois, Doubledent avaitcompris que le comte de Marcus n’était pas un homme dont il pourrait avoir bon marché.

Représenter l’héritier, avait dit M. de Marcus ; mais il fallait que l’héritier fût entièrement d’accord avec lui. Or, c’était précisément à cela que revenait la solution du problème, et, pour y parvenir, il fallait prendre dans le même filet l’héritier et son avocat. Double-