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il ne s’arrêta pas à analyser la conduite de Georges Raymond ; il le jugea traître et infâme par cela seul qu’il lui fallait un éditeur responsable du désastre qui le frappait.

— Doubledent m’avait bien dit de me défier de cette vipère que j’ai réchauffée dans mon sein, se répétait-il à lui-même.

Sans souci désormais d’être suivi ou arrêté, il prit le chemin de la rue Jacob, et monta chez Georges Raymond. En gravissant les escaliers, on eût pu le voir s’assurer, par un geste rapide, de la présence d’un objet qui se trouvait dans la poche de son paletot. Par bonheur, Georges n’était pas rentré. La figure du vicomte bouleversa la veuve Michel.

— Du papier, de l’encre ! dit-il d’une voix brève.

Et en quelques minutes il griffonna une lettre qu’il commanda à la veuve Michel de remettre promptement à son maître.

Qu’était devenu pendant ce temps le malheureux jeune homme ? Il s’était élancé comme un fou sur les traces d’Isabeau, vingt-cinq minutes après sa disparition.

— Est-il venu un commissaire de police me demander il y a une demi-heure ? dit-il au concierge, qui le y regarda sans comprendre.

— Personne n’est venu demander monsieur, dit ce dernier.

— Est-ce que M. Georges Raymond aurait maille à partir avec la justice, par hasard ? Il faudra l’observer, dit le concierge à sa femme.

Déjà Georges avait disparu et, s’étant élancé dans une voiture, s’était fait conduire chez Isabeau. On lui répondit qu’elle était à la campagne !