Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/294

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fille en cherchant des morceaux de musique ; je vais vous chanter l’air de la Périchole. Tiens ! mais qu’avez vous ? fit-elle en interrompant ses préparatifs pour regarder Georges Raymond qui restait immobile comme une statue.

— Chère mademoiselle, vous êtes jolie comme on ne l’est pas, et je serais bien heureux d’être près de vous dans un autre moment, mais pardonnez-moi, je…

— Vous avez des ennuis, monsieur Georges, fit-elle en venant s’asseoir près de lui, avec des petites mines charmantes ! Est-ce des chagrins d’amour ? C’est moi qui n’en aurai plus de chagrins comme ça. Vous ne savez pas ? Le baron m’a quittée, si ça peut s’appeler un baron. Oui, après m’avoir mise dans mes meubles ; seulement les meubles n’étaient pas payés. Est-ce que le tapissier peut les reprendre ? Oh ! que les hommes sont indignes… Ce n’est pas vous qui feriez de ces choses-là, monsieur Raymond !… Et figurez-vous qu’avec tout cela, nous sommes dans un embarras épouvantable ; nous n’avons pas un sou à la maison… si bien que j’étais venue ici… dit Raffaella en s’interrompant et en rougissant, pour demander un petit service à la vicomtesse.

— Mademoiselle, dit Georges, s’efforçant de sortir de sa stupeur, je ne suis pas riche, mais si, sans aucun intérêt, je puis vous obliger en partageant avec vous…

— Comme vous êtes gentil ! Eh bien, non, je ne veux pas. Vous me prendriez pour… Je ne suis pas si dévergondée que j’en ai peut-être l’air, dit la jeune fille en baissant les yeux. Quand je pense que c’est ici même, pour la première fois, il n’y a pas bien longtemps… que…