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pathique. Le comte avait eu de grands chagrins que personne ne connaissait. Après avoir été mêlé à la diplomatie et aux événements politiques de son temps, il s’était éloigné de bonne heure de la vie publique et manifestait une vive répugnance pour tout ce qui la lui rappelait.

Resté légitimiste de cœur, il ne croyait pas au triomphe de son parti et, ne voulant pas dire ce qu’il en pensait, il n’en parlait jamais.

Après avoir sévèrement blâmé autrefois le mariage de sa sœur, Mme  de Nerval, avec l’aventurier Daniel Bernard, il avait eu la satisfaction de la voir dans une splendide position de fortune. Après la mort de son second mari, Mme  Daniel Bernard avait racheté l’hôtel de Marcus que le comte avait été forcé de vendre, et depuis la mort de sa sœur il habitait avec sa nièce le magnifique immeuble dont il avait été autrefois propriétaire.

Quelques instants avant l’arrivée de Georges Raymond, le comte était avec Mlle  de Nerval et Mme  de Dammartin dans un petit salon Louis XVI plein de souvenirs artistiques de la fin du dernier siècle.

M. de Marcus ne savait rien encore de l’histoire du coffret. Le comte de B***, tombé gravement malade depuis la scène qu’il avait eue avec le vicomte d’Havrecourt, ne recevait personne. La consternation régnait dans cette maison, où les pieuses femmes qui soignaient le vieux gentilhomme essayaient encore de retenir un secret qui ne pouvait plus être gardé.

Assez souffrant lui-même, M. de Marcus n’était point sorti depuis la veille. Il parcourait en ce moment quelques journaux du matin.

Mlle  de Nerval lisait ; Mme  de Dammartin faisait de la