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XLVIII

LES DERNIÈRES GOUTTES DU CALICE.


Le lendemain du jour de sa démarche à l’hôtel de Marcus, vers neuf heures et demie, Georges Raymond se disposait à aller trouver Karl Elmerich. Son duel avec le vicomte d’Havrecourt était fixé au jour suivant et il avait dû la veille, en prévision d’une issue funeste pour lui, prendre différentes dispositions qui l’avaient occupé toute la soirée. Il n’avait donc pu retourner chez Karl, et on sait pour quels motifs Karl n’était pas allé chez Georges Raymond.

Parti dès huit heures et demie avec Doubledent, Karl n’était pas rentré quand Raymond arriva. Georges laissa un mot à son adresse, l’invitant à venir le rejoindre à quatre heures, et il alla promener au hasard les sombres préoccupations qui l’assiégeaient.

— Ah ! du moins, se disait-il, Mlle  de Nerval est pure ! Avec quelle noblesse elle a repoussé mes soupçons outrageants ! Elle n’ira pas à ce rendez-vous. C’est pour elle que je me bats, ajoutait-il, pour elle seule ; et, si j’étais tué, je mourrais en prononçant son nom.