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Georges Raymond secoua la tête négativement. D’Havrecourt se mit à fumer une cigarette pendant que l’on chargeait les armes et que les soldats marquaient les distances. Georges Raymond se promenait indifféremment de long en large.

On compta les trente pas de distance, et les vingt pas de la dernière limite.

Quand ce fut fait, les deux adversaires prirent position, le pistolet à la main, ayant leur chapeau sur la tête avec les armes de rechange dans la poche de leur paletot. Les témoins se retirèrent à quelques pas avec le médecin.

Le soldat qui avait chargé les armes s’avança. C’était un superbe cuirassier qui fut tué plus tard à Reischoffen. Il leva le bras en guise de signal. Les deux adversaires étaient en face l’un de l’autre et rigoureusement effacés.

Au premier coup, la balle de Georges effleura la joue d’Hector et lui fit une balafre sanglante. Le pistolet d’Hector avait fait long feu ; les deux adversaires se rapprochèrent silencieusement de cinq pas. Le soldat chargé de donner le signal leva le bras une seconde fois.

Au second coup, le chapeau de Georges Raymond fut enlevé ; Hector n’avait pas été touché. Les deux adversaires se rapprochèrent encore, ils n’étaient plus qu’à vingt pas l’un de l’autre.

Au troisième coup, Georges porta la main à sa poitrine en chancelant et, de l’autre main, essaya de diriger son arme contre Hector, immobile et déjà prêt à la riposte ; mais le bras de Georges Raymond s’affaissa, il tomba de toute sa hauteur et roula au pied d’un arbre, devant lequel il était placé.

Hector d’Havrecourt, en le voyant tomber, s’était