Aller au contenu

Page:Maurice Joly - Recherches sur l'art de parvenir - Amyot éditeur - 1868.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la morale. Ces notions ne tiennent pas assez de place dans la pratique de la vie pour qu’on en tienne compte dans un ouvrage qui reflète avec crudité quoique non sans grâce, du moins on l’espère, la société contemporaine.

Nous entendons par principes la chaîne des idées bonnes ou mauvaises de chaque homme en particulier sur l’ensemble des choses de la vie sociale. Il est suffisamment démontré que ce ne sont pas les idées justes qui ont le plus d’empire sur les hommes, mais seulement leur caractère apparent ou réel de nouveauté, leurs formes plus ou moins passionnées et leurs liaisons brillantes.

Sans un très grand fond d’idées générales on n’a pas de niveau intellectuel et il ne faut pas prétendre à la moindre prépondérance, influence ou force directrice. Il sera d’ailleurs indiqué en son lieu que l’on peut être pourvu de beaucoup d’idées générales et n’en être pas moins d’une suffisante nullité.

Dans le nombre assez restreint de ceux qui ont parcouru un cercle d’idées un peu étendu, qui sont en état de toucher supportablement à une question d’art ou de politique, la plupart se sont attachés à leurs opinions par un pur effet du hasard. On paraît ignorer dans le monde ce caractère presque toujours fortuit des manières de voir et notamment des opinions politiques. Un souvenir de collège, une impression de famille, une lecture d’enfance ou d’adolescent ; l’influence d’une maîtresse, le ressenti-