Page:Maurice Joly - Recherches sur l'art de parvenir - Amyot éditeur - 1868.djvu/71

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de la vie ce que la procédure est à la science du droit. L'embarras qu'éprouvent les gens dans une foule de circonstances où il faut aller de l'avant peut se traduire par ces mots:

Comment la chose se fait-elle ? Comment s'y prend-on ?

C'est là une question d'usage et en même temps d'expérience pratique.

Les abords de toutes choses sont semés de menues difficultés, d'ambages, de fins de non-recevoir, d'empêchements et de formalités auxquels le vulgaire est toujours arrêté ; c'est le crible dans lequel on tamise tout ce qui est trop épais dans la mouture.

Il y a une foule de petites faveurs, de passe-droits, de privilèges qui se laissent surprendre ; la chose qui ne se fait pas pour vous se fera pour un autre. Il y a toujours un moyen d'obtenir ce qu'on refuse, de lever une objection, de passer par une porte fermée. Il y a une formule qui lève la consigne, un biais qui tourne la difficulté.

Cette formule, ce ressort secret, c'est ce que nous appelons le procédé. Le procédé dispense de frais d'imagination dans une multitude de cas où il suffit de s'y prendre d'une certaine façon.

L'homme à grandes manières n'hésite jamais sur le procédé ; c'est là sa force. Il manie avec aisance une situation en s'appuyant sur les formes comme sur autant de points d'appui qui jalonnent sa route.

C'est la connaissance approfondie du ton des for-