Page:Maurice Joly - Son passe, son programme par lui meme - 1870.djvu/26

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de garantie l’inscription du nom de Dorian comme président en tête de la liste du soi-disant comité ;

9° À partir de ce moment, le gâchis étant manifeste, j’ai voulu sortir et n’y suis parvenu qu’en forçant en quelque sorte la consigne qu’avaient reçu deux hommes armés. Je ne me gênai point pour dire en sortant que je répudiais toute solidarité avec le mouvement nouveau qui venait de se faire jour ; qu’il n’était pas sensé de vouloir capturer le gouvernement provisoire, et qu’il serait délivré dans quelques heures par le soulèvement des gardes nationales armées.




Maintenant il me reste à dire quelle a été la conduite du gouvernement provisoire envers moi. On sait ce que j’ai essayé de faire pour lui ; voici ce qu’il a fait pour moi.

Un journal monarchique, les Débats, a dit que je dirigeais une des bandes d’envahisseurs de concert avec Tibaldi. Or, je ne connais pas et n’ai jamais vu Tibaldi.

Un journal immonde, le Figaro, tente de me faire égorger en disant que j’ai tiré sur le général Trochu et que j’ai craché sur Jules Favre, inoffensif et désarmé dans l’Hôtel-de-Ville.

On annonce que l’Officiel va faire un récit impartial de la manière dont les faits se sont passés. Je m’attends à être disculpé par l’Officiel de ces abominables accusations, soufflées je sais par qui ; j’attends même qu’on rendra justice aux efforts que j’ai faits dans la mesure de mes forces pour prévenir le conflit.

Le Journal officiel reste muet, semblant ainsi reconnaître par son silence l’exactitude des faits publiés par le Figaro, dont il accepte le déshonorant concours.

Alors il faut que je me défende coûte que coûte ; n’avoir point de journal contre des ennemis retranchés derrière les bastions d’une feuille publique, c’est le pot de fer contre le pot de terre. Je fais apposer des affiches pour repousser avec tout le mépris qu’elles méritent les exécrables imputations dont je suis l’objet.

Que fait l’autorité ? Elle ordonne d’arracher mes affiches. Bien mieux, elle m’emprisonne, elle me met un bâillon sur la bouche, et pendant que je suis emprisonné et muet, les assassins de réputation peuvent continuer en paix leur besogne. M. Ferry est vengé, car c’est à lui seul, non aux autres, que j’impute directement et personnellement le guet-apens des Folies-Bergères, les calomnies du Figaro, l’arrachement de mes affiches, mon arrestation et la prévention dirigée contre moi ; et voici le libellé de l’accusation :