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Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/101

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On le vit à travers la fenêtre. Il arpentait l’étroite terrasse qui longeait la maison. La cigarette aux lèvres, les mains au dos, ses yeux fixés sur les dalles de la terrasse, il réfléchissait. Une fois il alla vers la rivière, qu’il suivit jusqu’au pont, s’arrêta, puis revint. Quelques minutes encore s’écoulèrent.

Quand il rentra, les deux sœurs et Béchoux ne prononcèrent pas une parole. Bertrande, assise près de Catherine, semblait effondrée. Quant à Béchoux, il n’offrait plus le plus petit symptôme de résistance, de provocation, de morgue agressive. On eût dit que le regard dédaigneux de Raoul l’avait dégonflé, et qu’il ne songeait plus, à force d’humilité, qu’à se faire pardonner sa révolte contre le maître.

Celui-ci, d’ailleurs, ne se donna même pas la peine de poursuivre son argumentation et d’en expliquer les contradictions.

Il demanda simplement à Catherine :

« Dois-je répondre, pour que vous ayez confiance en moi, à la question brandie par Théodore Béchoux ?

— Non, dit la jeune fille.

— C’est votre avis, madame ? demanda-t-il à Bertrande.

— Oui.

— Vous avez en moi une foi absolue ?

— Oui. »

Il reprit :

« Désirez-vous rester au manoir, retourner au Havre, ou vous rendre à Paris ? »

Catherine se leva vivement, et, les yeux dans ses yeux, lui dit :

« Nous ferons ce que vous nous conseillerez, ma sœur et moi.

— En ce cas, restez au manoir. Mais restez-y sans vous tourmenter de ce qui pourrait advenir. Quelles que soient les apparences, si violentes que