Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/103

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malie d’une telle affirmation, qu’elles ne protestèrent ni l’une ni l’autre.

Catherine, se trouvant seule avec lui un moment, murmura, sans le regarder :

« Je vous obéirai, Raoul, quoi qu’il arrive. Il me semblerait impossible de ne pas vous obéir. »

Elle défaillait d’émotion. Elle sourit également.

Ce dernier dîner, pris en commun, fut taciturne. Les accusations de Raoul avaient créé de la gêne. Le soir, comme d’habitude, les deux sœurs restèrent dans le boudoir. À dix heures, Catherine d’abord, puis Béchoux se retirèrent. Mais, au moment où Raoul allait quitter le billard, Bertrande le rejoignit et lui dit :

« J’ai à vous parler. »

Elle était très pâle, et il vit que ses lèvres tremblaient.

« Je ne pense pas, dit-il, que cette conversation soit indispensable.

— Mais oui, mais oui, fit-elle vivement. Vous ne savez pas ce que j’ai à vous dire, et si c’est grave ou non. »

Il répéta :

« Êtes-vous sûre ? Êtes-vous sûre que je ne le sache pas ? »

La voix de Bertrande s’altéra un peu.

« Comme vous répondez ! On croirait que vous avez de l’animosité contre moi.

— Ah ! aucune, je vous le jure, dit-il.

— Si, si. Sans quoi m’auriez-vous révélé la présence de cette femme à Quillebeuf, auprès de mon mari ? C’était me faire une peine inutile.

— Vous êtes libre de ne pas ajouter foi à ce détail.

— Ce n’est pas un détail, murmura-t-elle. Ce n’est pas un détail. »

Elle ne quittait pas Raoul des yeux. Après une pause, elle demanda, hésitante et anxieuse :