« Qu’est-ce que vous me voulez ?… Raoul ?… je ne connais personne de ce nom-là.
— Comment ? tu ne te souviens pas de nos ripailles selon ton expression, et des confidences que tu m’as faites, une nuit, à Rouen ?
— Quelles confidences ?
— Tu sais bien, Fameron… les vingt mille francs ? le monsieur qui t’a abordé ?… la lettre introduite dans le dossier Montessieux ?
— Taisez-vous !… taisez-vous ! gémit Fameron, d’une voix étranglée.
— Soit. Mais alors réponds. Et si tu réponds gentiment, je ne dirai pas un mot de ton affaire à mon ami Béchoux, le brigadier de la Sûreté avec qui j’enquête sur l’assassinat de M. Guercin. »
La terreur du bonhomme Fameron s’exaspéra. Il roulait des yeux blancs et semblait sur le point de s’évanouir.
« Guercin ?… M. Guercin ?… je vous jure que j’ignore tout.
— Je le crois, Fameron… tu n’as pas la tête d’un assassin… C’est autre chose que je voudrais savoir… une petite chose de rien du tout… après quoi tu pourras dormir comme une petite fille sage.
— Quoi ?
— Tu connaissais M. Guercin autrefois ?
— Oui, je l’avais vu à l’étude, comme client.
— Depuis ?
— Jamais.
— Sauf la fois où il t’a abordé et sauf la fois où tu as été le voir à Radicatel, le matin du crime ?
— C’est ça.
— Eh bien, voici tout ce que je te demande : cette nuit-là, était-il seul ?
— Oui… ou plutôt non.
— Précise.
— Il était seul, pour me parler. Mais, à dix